Salvation
Préparation à l’Ascension
Lorsqu’un individu ressent l’appel de la Pyrothante, il doit aller à elle et suivre le rite de l’Ascension. C’est un rite hautement dangereux, douloureux et difficile, auquel il convient d’être bien préparé.
La Flamme, disent les Pyrosophes, sait lire au fond du cœur des êtres. Elle voit au-delà du présent, à travers l’individu et vers le collectif. Elle guide l’homme, oui, mais surtout l’humanité.
Pour se livrer au rite de l’Ascension, l’initié doit se livrer à une préparation particulière. La façon de se préparer au rite est très différente chez les Technocrates et les Pyrosophes. Le rite lui-même, en revanche, se déroule toujours de la même manière.
Chez les Pyrosophes, la préparation à l’Ascension implique une mystique au symbolisme complexe. L’individu est en général accompagné par la dernière personne de sa famille à avoir passé le rite. Il allume une chandelle à la flamme d’une lampe déjà allumée dans sa maison familiale, puis porte sa chandelle jusqu’au Temple de la Flamme. C’est là qu’il trouvera le lampion de sa famille, auquel tous les initiés précédents ont symboliquement joint leur flamme individuelle. L’initié se rend alors dans une sacristie attenante au temple pour se livrer à une purification par fumigation. Puis, il déshabille pour revêtir un grossier pagne de tissu blanc laissant tout le reste de son corps exposé. On l’enduit d’une substance graisseuse et épaisse appelée gloikos, qui le protégera contre la violente chaleur qui règne à l’intérieur du Rempart Ardent.
Chez les Technocrates, la préparation se fait de façon plus pragmatique, voire intellectuelle. L’initié est placé sous la tutelle d’un Technocrate confirmé, si possible quelqu’un appartenant à sa famille. Ce tuteur ou cette tutrice est chargé de répondre aux questions du jeune initié sur la nature de la Flamme, de l’Appel et de la Voie qui sera tracée. Il est aussi chargé de sonder son potentiel comme futur Technocrate; sens de l’observation, logique, mémoire, créativité, aptitudes à la communication, etc. C’est ce qui décidera si la secte accueillera l’initié après son Ascension. Seuls les individus disposant d’un haut potentiel intellectuel et d’un fort sens moral sont sélectionnés par la secte. Le jour du rite, l’initié Technocrate passe la Chasuble d’Illial, une grande et précieuse tunique à capuche traversée de tiges de fer Illial qui absorbera l’essentiel de la chaleur et des radiations mystiques de la Flamme. L’initié passe également une paire de lunettes d’Alchimiste (autre création des Technocrates) pour protéger ses yeux. Il rendra ce matériel à la secte après son initiation.
Qu’il ait été préparé par les Pyrosophes ou les Technocrates, l’initié doit alors se livrer exactement au même rite est alors prêt à monter les quelques 300 marches de pierre menant au seul portail du Rempart, percé à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol.
Derrière ce portail, qu’on appelle la Marche de la Pyrothante, 300 autres marches redescendent vers les terres calcinées par la Flamme et recouvertes d’une couche de cendre blanche.
L’initié doit traverser les quelques 500 mètres qui le séparent du Temple Unique, où se trouvent les Éphores. Quelques initiés s’effondrent en route, trop faibles pour parvenir au temple, ou par malchance pris par un vent ardent de la Pyrothante capricieuse. Personne ne viendra les chercher, et leurs restes iront rejoindre les petits squelettes d'enfants à demi enterrés dans la cendre blanche, que parfois révèlent au regard les vents de la Flamme Unique.
Les éphores
Parvenu au temple, l’initié y rencontre les Éphores. La plupart sont des enfants; les plus vieux ont 15 ou 16 ans, mais il est difficile d’en juger. Car la Flamme prend tout aux Éphores, et ce au moment même de leur Ascension. Elle leur vole leurs yeux, leur chair et leur raison. Elle ne laisse plus qu’une carcasse habitée par sa Volonté. Les Éphores voient avec les yeux de la Flamme, bien au-delà de l’espace et du temps. Leurs bouches calcinées sous leurs orbites vides sont éternellement muettes, toujours entrouvertes, laissant voir leurs dents blanches contre leur langue noire et ratatinée. Leur corps tout entier est une caricature calcinée, noire et rachitique, flétrie par une seule brûlure totale, couverte de cendre blanche qui fait penser à un linceul de saleté.
Les Éphores sont des figures tragiques, monstrueuses et pathétiques, mais leur sacrifice a une valeur sacrée absolue. La Pyrothante ne parle pas la langue des hommes; elle a besoin d’intermédiaires pour faire savoir sa sagesse. Les Éphores sont ainsi les prophètes de sa vérité. La plupart ne vivent que quelques mois. Quelques-uns servent la flamme pendant un an ou deux avant d’être consumés. Alors la Flamme, tôt ou tard, appelle un ou une nouvelle Éphore.
Il se trouve en général une douzaine d’Éphores dans le Temple Unique; parfois un peu plus, parfois un peu moins. Personne ne s’attaque à eux, aussi n’est-il pas besoin de gardes pour les défendre. La Flamme les protège bien assez en rendant les environs insupportables de chaleur.