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La Frontière

Les Pèlerins dans l’Orée 

Les caravanes de Pèlerins forment des groupes de caravaniers stables et ce sont les plus  nombreux de l’Orée. Unis par les liens familiaux de même que par des pratiques spirituelles communes, ces caravanes autonomes et indépendantes sillonnent le territoire à  la recherche de leur subsistance et d’occasions de commerce. Les Pèlerins installent régulièrement des postes de traite le long des « routes » commerciales de la Frontière afin  d’attirer les échanges, notamment avec Salvation. Des groupes de tentes et des cabanes  rudimentaires s’érigent alors en un clin d’œil autour de ces postes de traite, créant pour un temps un semblant de village éphémère. Les Pèlerins savent trop bien qu’il ne convient  pas de s’installer longtemps quelque part, car cela tend à attirer l’Abîme dans les environs;  aussi cultivent-ils tous l’art de disparaître en un temps record en ne laissant presque aucune trace de leur passage. 

 

Parfois, un groupe particulièrement populeux et puissant (généralement des Pèlerins, de nomade ou  une bande de truands) parvient à s’approprier (dans une certaine mesure) une portion  du territoire de l’Orée. Il fait alors valoir sa propre conception de la « justice » sur ce territoire arbitrairement délimité. Cette justice est généralement entendue comme « ce qui  est avantageux pour notre groupe », mais il arrive qu’elle soit plus éclairée. Selon la nature du groupe dominant, son « règne » local et éphémère peut être relativement vivable  ou au contraire, tout à fait révoltant et injuste.

 

Certains groupes sont reconnus comme  des commerçants, des artisans, des guerriers, des mineurs, des prospecteurs; en somme,  des individus compétents et relativement civilisés, aux mœurs douces et à l’attitude coopérative, qui favorisent un arbitrage raisonnable des conflits. D’autres groupes, en revanche, font dans le vol, le pillage, l’esclavage et le cannibalisme. S’ils sont moins  nombreux et encore plus éphémères que les autres, ces groupes n’en sont pas moins  dangereux pour tous ceux qui tentent de mener un semblant de vie honnête à la Frontière.  

Les Barbares de l’Orée 

Les Pèlerins désignent ces groupes par des expressions soulignant le mépris profond qu’ils  entretiennent envers leur barbarie: les Bêtes, les Brutes, les Racailles, les Dégénérés, les  Mangeurs d’Hommes, etc. Ces bandes de pillards dégénérés et sans scrupules représentent à leurs yeux la grande menace qui pèse à long terme sur tout groupe de nomades organisés cherchant à survivre à la Frontière. Face aux horreurs insondables des Abysses,  dans le danger constant et la lutte pour la survie, il arrive trop souvent que l’humanité du  groupe se brise comme du bois mort. Ses membres perdent tout repère moral, toute notion de justice, d’équité et d’honneur. La tribu se transforme en meute; une meute de  bêtes dangereuses et imprévisibles, prêtes à se dévorer entre elles; une menace pour  tous ceux de sa race. 

Une tribu ayant sombré ainsi dans la bestialité ne saurait attendre grande pitié de la part  des Pèlerins qui les haïssent doublement: pour leur absence totale de respect pour la dignité humaine d’une part, et d’autre part car ils nuisent grandement à leurs activités commerciales. Chaque année en effet, plusieurs caravanes sont attaquées et détruites par des  groupes barbares d’humains dégénérés par la folie de l’Abîme. Les Pèlerins vont parfois  jusqu’à pourchasser activement les bandes les plus gênantes afin de s’en débarrasser.  Cela se solde souvent par une bien sale affaire; les Barbares sont des ennemis hargneux,  cruels, rusés et retors. Certains Pèlerins racontent même que des tribus profondément dégénérées ont par le passé pactisé avec les Abysses pour tenter d’obtenir la puissance  nécessaire à l’épanchement de leurs instincts insatiables… Mais ces histoires impies sont  bien trop terribles pour être contées au tout-venant et les Pèlerins n’aiment pas les propager, de même qu’ils n’aiment pas décrire ou nommer quoi que ce soit de trop directement lié à l’Abîme. Vaut mieux le laisser dans le néant et le silence auxquels il appartient.

Les autres voyageurs de l’Orée 

Les Pèlerins mis à part, bien d’autres groupes plus ou moins hétéroclites voyagent sur les  terres de la Frontière. Ils sont en général composés de marginaux qui, pour des raisons très différentes, se sont retrouvés poussés à vivre à l’Orée des Terres-de-Lumière. 

Les Exclus de la Flamme, rejetés par la Pyrothante lors du rituel de l’Ascension.  

Les Aveuglés qui, entendant l’Appel de la Pyrothante, ont choisi de l’ignorer et de ne pas  redonner leur Ardeur à la Flamme. 

Les Exilés, c’est-à-dire les criminels, les impies et les blasphémateurs, rejetés de Salvation  pour en avoir ignoré les lois.  

Les Myridiens, tombés d’entre les astres sur la Frontière, êtres étranges, rejetés par Salvation mais tolérés par les Pèlerins et les nomades.

Il arrive assez fréquemment qu’un Magister illuminé ou particulièrement fou se risque à  former une expédition quelque part en Orée, voir même au-delà, dans les Terres d’Abîme. 

On retrouvera aussi, quoique moins fréquemment, des Pyrosophes en pèlerinage, des  citoyens de Salvation poursuivant quelque objectif obscur dicté par la Flamme ainsi que  des Technocrates en expédition de réparation, d’extraction minière ou de prospection. 
 

Affrontements et coopération 

Le contexte tribal de la Frontière favorise des affrontements fréquents entre les différents  groupes nomades. La nourriture et l’eau potable représentant un enjeu constant, il est fréquent de voir des groupes s’affronter pour en contrôler les sources stables. Les territoires particulièrement poissonneux ou giboyeux font souvent l’objet de luttes entre  groupes, de même que le contrôle des tracés commerciaux plus fréquentés. D’autres affrontements ont lieu pour les refuges sécuritaires ou l’accès exclusif à certains sites réputés pour contenir des trésors. 

Il est à noter que ces affrontements sont en général ponctuels et brefs. Le jusqu'au boutisme n’est pas la norme, car à moins d’être absolument désespéré, aucun groupe ne valorise une ressource au point d’être prêt à sacrifier tous ses membres pour en assurer le  contrôle. Bien peu de choses sont plus précieuses qu’une vie humaine, même sur la Frontière. La plupart des groupes sont aussi conscients de l’aspect nécessairement éphémère  d’un avantage territorial en Orée. Celui qui contrôle une plaine ou une mine pourra certes  en jouir un certain temps et y faire régner sa loi, mais la menace des Marées d’Abîme le  jettera tôt ou tard hors du territoire. Il ne ferait aucun sens de sacrifier sa vie et celle des  siens pour un avantage momentané; seuls les barbares sont susceptibles de faire des  choix aussi irrationnels.

 

Dans les faits, même dans le danger imminent et la lutte constante pour la survie, la  norme entre groupes est plutôt celle de la coopération. Les Pèlerins ont là-dessus un code  d’honneur simple et strict qui se résume à un adage unique : « Tends la main avant la lame », cela signifie : assume la bonne volonté du voyageur que tu croises et offre par  défaut la collaboration au lieu de l’hostilité. C’est une loi beaucoup plus profitable que  dangereuse sur le long terme. La relative prospérité des groupes de Pèlerins semble en  témoigner. 

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